La Tankaochôde
et ses Éléments
Du gros brasse camarade laurentien!

Détrompez-vous, les « tankaochôdes » ne contiennent pas que de l'eau ! Certaines ont aussi du rythme, des idées, de l'humour et même la réputation de susciter la convivialité et d'engendrer la fête. Encore faut-il qu'elles soient équipées des bons éléments, comme celle que j'ai rencontrée justement.

Facilement portés à rire, les quatre éléments de cette Tankaochôde ont commencé à faire de la musique pour s'amuser. Loin d'aspirer à une grande carrière dans le show-biz, les joyeux comparses préféraient voir dans leur musique un moyen de se divertir et un prétexte pour se retrouver. Ils ignoraient alors à quel point ils allaient rassembler du monde autour de leurs prestations.

Le nom du groupe ne sort pas d'une soirée trop arrosée, mais bien de l'enfance du chanteur et guitariste, Martin Alary, qui compose également les chansons. « Mon père était plombier et j'ai été élevé avec le mot « tank à eau chaude » sur le répondeur ». De plus, il fallait trouver un nom bien québécois pour ce groupe dont trois des membres sont originaires des Laurentides. « C'est un terme typiquement québécois que l'on ne trouve nulle part ailleurs... sauf peut-être au Cambodge, dans le fond de la jungle, explique Martin. Mais ça ne veut certainement pas dire la même chose ! »

Au départ, le groupe ne comptait que deux éléments, soit Martin Alary au crayon, à la guitare et à la voix, et Simon Hamel à la basse. Les deux amis de longue date se produisaient sur leur galerie, à Saint-Sauveur, à la fin des années 1990. « Les gens klaxonnaient, certains s'arrêtaient et ça virait en party. Et quand il y a eu trop de parties on s'est fait mettre dehors ! »

Lors de la première prestation publique, au bar Le Bulldozer de Saint-Sauveur, en 1997, les éléments étaient nombreux. « Tout le monde chantait ! Il y avait peut-être sept ou huit personnes dans le bar ! », se souvient Martin en riant. En 1998, Érick Parizeau, que tout le monde surnomme « Ti-Poil », s'est joint au duo avec sa batterie. « On a alors fait notre deuxième spectacle en deux ans ! », ajoute Simon. Il faudra attendre quelques années, soit le « coming back » du groupe, comme se plaît à l'expliquer Martin, pour que Kerry Bullis, l'anglophone du groupe, se joigne à eux. « Un Anglais de l'Ontario qui ne comprenait rien, mais qui était un des rares guitaristes à ne pas être gêné de jouer du country ! » La Tankaochôde avait alors trouvé tous ses éléments. En 2007 Erick (Ti-Poil Parizeau) quitte pour l'ouest canadien, les services de Tom Sokoloff sont alors retenus aux tambours pour faire place à de nouvelles formules à découvrir le 18 mai prochain au Bar Bulldozer de Saint-Sauveur. Une nouvelle mixture qui promet!

« Poésie pas de classe »

N'ayant jamais cherché à coller à un genre musical en particulier, les membres de La Tankaochôde et ses éléments ont plutôt suivi leur instinct musical. Il en résulte une musique qui ne répond à aucun critère de genre préétabli, sinon à cette « poésie pas de classe » qu'ils aiment revendiquer.

En spectacle, les membres du groupe manient les instruments avec énergie tandis que Martin Alary nous pousse, au fil des titres, vers les abîmes de paroles sombres mais authentiques. Les chansons de la Tankaochôde racontent surtout des tranches de vie assaisonnées autant au cynisme qu'à la tendresse. « Les déboires amoureux, c'est la base. Je crois que j'ai de l'expérience là-dedans ! », raconte Martin qui ne veut surtout pas s'aventurer dans l'épineuse avenue de la chanson engagée. « J'essaie vraiment de ne pas être moralisateur. C'est plutôt un constat qu'un conseil. Je ne me vois pas dire aux gens pour qui voter. Je préfère leur dire : « regardez, c'est de la merde ! » Mais je n'ai pas d'alternative à leur proposer. Je laisse les chansons engagées à d'autres, comme Loco Locass, qui sont très bons là-dedans. »

Dans les bars de la région où ils se produisent régulièrement, notamment lors des 5 à 7 du samedi au bar Le Bulldozer de Saint-Sauveur, ce quatuor dynamique propage rapidement son esprit festif. Coiffé d'un chapeau géant et muni de son humour noir habituel, le chanteur attire vite l'attention des piétons dans la rue, qui se joignent alors à la fête, ne portant plus attention aux paroles sombres et décadentes. « Souvent, les gens nous disent « merci » après le show. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais c'est un beau commentaire, confie Martin. On doit leur faire oublier leur compte de téléphone ! »

Même s'ils aspirent désormais à une plus grande notoriété, les gars de la Tank ne veulent surtout pas se soumettre aux exigences d'une industrie musicale souvent corrompue par la médiocrité et dans laquelle ils pourraient perdre leur liberté de création. «  Entre le mainstream de Bruno Pelletier et le Hardcore, il y a une avenue qui a un certain succès au Québec et qui nous encourage à continuer, explique Martin. Plume Latraverse, Richard Desjardins, Les Chiens en sont des exemples. On assiste même à une multiplication d'artistes indépendants, comme Les Trois Accords ou Fred Fortin, qui créent leur propre maison de disque. C'est certainement plus difficile, mais de garder le contrôle sur tes affaires, ça n'a pas de prix. » « C'est la classe moyenne des musiciens », ajoute Simon.

Entourés de nombreux éléments, les membres de La Tankaochôde se considèrent d'ailleurs plus privilégiés que certains groupes qui sont liés à des contrats enfreignant leur liberté. « Il y a beaucoup de gens qui nous aident et c'est très apprécié. Quand on a fait le spectacle avec Fred Fortin, à Sainte-Agathe, notre nom a vraiment pris toute sa signification. Il y a plusieurs éléments qui nous ont aidés et on ne se serait pas rendu là si on n'avait pas eu toute cette aide. »

Le « country alternatif folk » de La Tankaochôde et ses éléments n'a pas fini de faire du bruit. Déjà, certaines radios universitaires et communautaires de Montréal ont adhéré au genre et les dates de spectacles se multiplient, obligeant même les fans du début à organiser des transports en autobus pour s'y rendre. Parce qu'ils sont de plus en plus nombreux à aimer cette musique unique et inclassable, qui apporte une bouffée de liberté au sein d'une industrie musicale de plus en plus formatée.

Venez vous faire ébouillanter à l'eau chaude
ben assis sur Des chaises rouges!

La tankaochôde et ses éléments
Les Chaises Rouges
Rentrée laurentienne
18 mai
Bar Bulldoser
Saint-Sauveur

Renseignements :
www.tankaochode.com

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